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Integration of rural women into territorial dynamics: reflections on an experiment of creation of an agricultural development women's group "Hrayer El Khmara" Mahdia Governorate
Intégration de la femme rurale dans une dynamique territoriale : des éléments de réflexion sur une expérience de création d’un groupement féminin de développement agricole « Hrayer El Khmara » Gouvernorat de Mahdia
LAMIA ARFA1
NADIA OUNALLI2
MANEL HEDHLI3
1Dr agroéconomiste, Université de Carthage, Institut National Agronomique de Tunis, Laboratoire d’Economie Rurale- Institut National de Recherche Agronomique de Tunis, (lamia.arfa@gmail.com)
2Dr agroéconomiste, Université de Carthage, Institut National de Recherche Agronomique de Tunis, Laboratoire d’Economie Rurale, (nediaounalli@gmail.com)
3Ingénieur agroéconomiste, (manel.hedhli@hotmail.com)
Abstract - The agricultural development strategy in the governorate of Mahdia encourages the creation of agricultural development groups with the aim of integrating rural actors in development. This inclusion requires the active involvement of all members of the community: men, women and young people. Thus, the GDA “Hrayer El Khmara” is a women's agricultural development group recently created in the Khmara region of the Chebba delegation from the governorate of Mahdia. It brings together 23 rural women with an average age of 40 and without gainful employment. The creation project of this group is based on a participative and inclusive approach involving the target population in the planning and execution of farm chicken farming. This work concerns the study and evaluation of the creation of this GDA in the Khmara region. Focus groups and field surveys were carried out with the female population in this area. The principles of solidarity and sharing are rooted among women. The inclusion of women, however, requires funding and mentoring efforts.
Keywords: Rural women, GDA, ESS, Khmara-Mahdia, inclusion, Tunisia.
Resumé - La stratégie de développement agricole dans le gouvernorat de Mahdia encourageà la création des groupements de développement agricole dans le but de l’intégration des acteurs ruraux dans le développement. Cette inclusion suppose l’implication active de l’ensemble des membres de la communauté : hommes, femmes et jeunes.
Ainsi, le GDA « Hrayer El Khmara » est un groupement féminin de développement agricole récemment crée dans la région de Khmara de la délégation de Chebba du gouvernorat de Mahdia. Il regroupe 23 femmes rurales d’un âge moyen de 40 ans et sans activité lucrative. Le projet decréation de ce groupement est fondé sur une approche participative et inclusiveimpliquant la population cible dans la planification et l’exécution de l’élevage du poulet fermier. Ce travail porte sur l’étude et l’évaluation de la création de ce GDA dans la régionde Khmara. Des focus groupes ainsi que des enquêtes de terrain ont été menés auprès dela population féminine de cette zone. Les principes de solidarité et de partage sont ancrés entre les femmes. L’inclusion des femmes nécessite toutefois des efforts de financement et d’encadrement.
Mots-clés: Femmes rurales, GDA, ESS, Khmara-Mahdia, inclusion, Tunisie.
Introduction
En Tunisie, Les femmes rurales représentaient, en 2012, 32.4% de la gente féminine tunisienne et 50.4% de la population rurale totale. Elles sont présentes tout au long de la chaine de production agricole : du travail aux champs et la conduite du bétail à la transformation et la conservation des produits pour l’autoconsommation ou le marché. Elles s’occupent de l’entretien des cultures, de la cueillette des olives, du semis des légumineuses, de la récolte des produits maraîchers et de l’élevage des petits ruminants. En effet, 61% des femmes salariées en milieu rural travaillent dans le secteur agricole et le tauxde chômage féminin dépassant les 40% dans certaines régions.
Malgré la place stratégique qu’elles occupent et malgré le rôle crucial qu’elles jouent dans la production vivrière permettant le développement de la famille par la production des produits alimentaires de base destinés principalement à la consommation familiale, les femmes rurales restent exclues de l’économie marchande (Baya, 2017 ; Céderic G.et al, 2018). En effet, seulement 20℅ des femmes en milieu rural disposent d’une source de revenu propre.
La « Stratégie Nationale pour l'Autonomisation économique et sociale desFemmes et des Filles en milieu rural, 2017-2020 » encourage l’autonomisation économique, sociale des femmes et la participation à la gouvernance locale ainsi que l’amélioration de la qualité de leur vie.
Au niveau du village Khmara de la délégation de Chebba, l’élevage des volailles, est traditionnellement conduit principalement par les femmes rurales au foyer. Ainsi, dans le but de répondre aux objectifs de l’autonomisation économique et sociale de ces femmes, l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP) est intervenue par la promotion de cette activité à travers une formation technique, et économique afin de déclencher un dynamisme et un processus de développement au niveau de cette localité avec un objectif de stimulation de la motivation et de l’intégration de ces femmes dans les projets de développement.
Face à ce constat, l’UTAP notamment à travers sa direction de la femme rurale, en collaboration avec son antenne locale à Mahdia et en concertation avec le Commissariat Régional de Développement Agricole (CRDA) de Mahdia, a offert une formation sur les techniques de l’élevage du poulet fermier aux femmes de la région de Khmara. L’UTAP a par la suite contribué avec le CRDA de Mahdia, en février 2019, à la création d’un Groupement de Développement Agricole (GDA) nommé « Hrayer El Khmara ». Ce GDA avait pour mission de soutenir l’activité économique de ses membres et de renforcer leur cohésion sociale.
Notre objectif à travers cette étude est donc d’analyser les bases économiques et sociales de cette création et d’apporter un jugement sur les principes utilisés et le degré de performance de cette action. Il s’agit donc de répondre aux questions suivantes :
-
Cette action d’intégration économique et sociale des femmes rurales dans un groupement de solidarité et de partage est-elle une forme de l’économie sociale et solidaire ?
-
Les facteurs locaux sont-ils favorables à un tel modèle économique ?
-
Que doivent faire les femmes et les acteurs locaux et nationaux impliqués dans cette action pour garantir la réussite à court terme et la pérennité de cette action ?
Pour ce faire, des focus groupes ainsi que des enquêtes de terrain ont été menés auprès de la population féminine de cette zone. Une analyse socioéconomique et statistique des résultats des enquêtes de terrain a été faite moyennant Excel et SPSS.
La zone de Khmara du gouvernorat de Mahdia
La zone de Khmara appartient à la commune de « Ghedhabna » de la délégation Chebba du gouvernorat de Mahdia. Elle est située à 10 km par rapport au centre de la délégation de Chebba (CRDA Mahdia, 2019). Cette zone rurale s’étend sur une superficie de 900 ha, soit 7,4% de la superficie de la délégation de Chebba. C’est un petit quartier qui appartient à la ville de Ghedhabna. Elle présente une superficie agricole utile (SAU) de 700 ha, soit 78% de la superficie totale. Ceci montre l’importance de la vocation agricole dans la zone. Cette zone comprend 1200 habitants avec 660 femmes et 540 hommes, à raison de 5% de la population de la délégation de Chebba (INS, 2014 et CTV Mahdia, 2019).
Les femmes souffrent d’une faible employabilité dans la zone de Khmara. En effet 5% uniquement des femmes de la zone de Khmara ont un emploi. Par contre, les taux d’emploi des hommes sont beaucoup plus importants : 35%dans la zone de Khmara et 63% dans la délégation de Chebba.
Dans la zone de Khmara, les femmes présentent un taux d’activité dans le secteur agricole supérieur à celui des hommes, soit 60% pour les femmes contre 10% pour les hommes. Dans la délégation de la Chebba les hommes sont plus impliqués dans le domaine de l’agriculture, soit 34% pour les hommes contre 2.3% pour les femmes. Donc, la zone de Khmara, en comparaison avec sa délégation d’appartenance, offre plus de chances d’emploi dans le domaine agricole pour les femmes que pour les hommes.
Ainsi, la région de Khmara offre très peu d’emploi aux femmes rurales qui sont principalement occupées par l’agriculture. De même très peu de femmes rurales disposent de revenus bien qu’elles soient occupées dans des activités familiales qui peuvent migrer vers la sphère économique. Le cas de l’élevage du poulet fermier dans la région de Khmara est un bel exemple.
Figure 1 : La zone de Khmara de la délégation de Chebba du gouvernorat de Mahdia (Source : Google maps, 2019) |
Méthodologie
Pour analyser la contribution du GDA « Hrayer El Khmara » à la promotion de la situation socioéconomique de la femme rurale et au développement de la région. Des enquêtes spécifiques et individuelles auprès des adhérentes (26 femmes) et non adhérentes (15 femmes) au GDA « Hayer El Khmara » ont été menées. Ellesont été faites en région et se sont élargies aux représentants de l’administration du GDA. Des workshops ont également permis d’informer les femmes sur les avantages de la création des GDA et pour comprendre leurs motivations et leurs attentes.
L’approche méthodologique adoptée a étébasée sur la collecte d’information quantitative et qualitative spécifique à travers des questionnaires d’enquêtes auprès de 41 femmes. Ces enquêtes ont traité de la situation des femmes rurales sans GDA et après création du GDA. Ces analyses ont été faites moyennant les logiciels Excel et SPSS à travers des tableaux croisés et des graphiques pour répondre nos objectifs. Les données de l’enquête sont décrites dans la figure 2.
Figure 2 : Eléments des enquêtes de terrain auprès des femmes adhérentes et non adhérentes au GDA « Hrayer El Khmara » (Propre élaboration, 2019) |
Résultats et discussions
1. Caractéristiques sociales des adhérentes et des non adhérentes au GDA
1.1. Age et niveau d’instruction
Les femmes adhérentes au GDA « Hrayer El Khmara » appartiennent à deux catégories d’âge (tableau 1). La première catégorie (48% des adhérentes) a un âge compris entre 20 et 40 ans ce qui reflète une population jeune. La deuxième catégorie (48% des adhérentes) regroupe celles âgées de 41 à 50 ans qui sont essentiellement des femmes au foyer.
Concernant l’échantillon des femmes non adhérentes, la catégorie de celles qui ont plus de 51 ans devient importante en comparaison avec le groupe des adhérentes.
Ainsi le groupe des adhérentes est formé par des femmes essentiellement jeunes ayant moins de 50 ans.
Tableau 1 : Age des femmes enquêtées |
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Age |
Total |
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De 20 à 40 ans |
De 41 à 50ans |
> à 51 ans |
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% femmes adhérentes |
48% |
48% |
4% |
100% |
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% femmes non adhérentes |
33% |
40% |
27% |
100% |
Source : Enquêtes, 2019
De même, l’enquête révèle une différence dans le niveau d’instruction des femmes enquêtées dans la zone de Khmara (figures 3 et 4). Concernant les femmes adhérentes auGDA « Hrayer El Khmara», la majorité (52%) aun niveau primaire, 35% ont un niveau secondaire. Très peu sont analphabètes et 9% ont un niveau supérieur. Pour les femmes non adhérentes auGDA, la majorité (66%) a un niveau d’éducation primaire maisles analphabètes représentent une part importante, soit 22%.
Le critère du niveau d’instruction paraît important dans la formation et la création du GDA des femmes.
1.2. Principales activités
L’importance de la pluriactivité a été attestée par les résultats des enquêtes qui ont montré que la totalité de l’échantillon a déclaré avoir cherché des sources de revenu hors exploitation bien que souvent liées à l’élevage domestique.
Ainsi, 60% des femmes adhérentes au GDA pratiquent essentiellement l’activité avicole. L’adhésion aux GDA est considérée comme une activité secondaire par la majorité des femmes dans la région.
Pour les femmes non adhérentes au GDA, 40% pratiquent l’élevage bovin, 27% l’élevage cunicole et des poulets fermiers.
L’adhésion des femmes a été donc orientée par leur expérience dans le domaine agricole et leurs activités avant création du GDA.
1.3. Tailles des ménages et engagementsfamiliaux
Les résultats de l’enquête montrentque le nombre moyen des individus à charge dans les familles des femmes mariées adhérentes au GDA de la zone de Khmara est supérieur à 5 personnespour 79% des enquêtées avec en majorité 1 à 3 enfants (67% des cas). Ces caractéristiques laissent à penser quele modèle familial dominat au niveau de cette zone rurale est du type traditionnel.
Les deux tiers des femmes adhérentes au GDA (figure 7) ont un revenu inférieur à 500 TND par mois, provenant principalement des activités extra-agricoles de leurs époux. La deuxième catégorie des ménages (15% de l’échantillon) ont un revenu mensuel entre 500 et 1000TND. Alors que seulement 10% ont un revenu supérieur à 1000 TND par mois.
Pour les femmes non adhérentes au GDA (figure 8), 47% ont un revenu mensuel par ménage entre 500 et 1000 TND par mois. Ceci explique une situation plus aisée pour ces familles. Par contre, 40% des femmes vivaient dans une situation financière difficile tant que le revenu de leur ménage est inférieur à 500 TND par mois. Le reste du groupe (13%) possèdent un revenu mensuel entre 1000 et 1500 TND ce qui reflète une bonne situation financière.
Donc relativement, les femmes adhérentes au GDA ont une situation financière moins aisée que les non adhérentes. L’amélioration du revenu de la famille apparaît comme un facteur déterminant dans l’adhésion au groupement et dans le développement de l’activité d’élevage.
La conduite de l’élevagedu poulet fermier en semi-intensif nécessite certains équipements tels que couveuses, mangeoireset abreuvoirs et abris. Inopportunément, l’équipement en matériel semble difficile pour la majorité des femmes. Ainsi, 72% des femmes (figure 9), ont une faiblecapacité à acquérir du matériel vu la faiblesse de leurs moyens financiers. Seulement, 28% se sentent plus aisées financièrement et présentent une capacité moyenne leur permettant de se procurer le matériel nécessaire. Par ailleurs, leur accès aux crédits (figure 10) n’est pas toujours facile. En effet, moins d’un tiers des femmes peut trouver facilement des sources de financement.
Ainsi ; la plupart des membres du GDA ont de faibles moyens de financement et une faible capacité à accéder au crédit. Le recours à des sources de financement solidaire serait une des solutions pour améliorer l’employabilité des femmes
3. Problèmes et difficultés
Nousconstatonsque les problèmes annoncés par les adhérentes au GDA ne sontpas nombreux. Les problèmes de déplacement et de travailconcernent un quart des femmes. Toutefois 44% déclarent ne pas avoir de problèmes particuliers puisque leurs besoins primaires sont satisfaits (électrification, éducation des enfants, logement, …). Chez les femmes non adhérentes, leseul problème déclaré pour 60 % est celui du déplacement. Les femmes de la région de Khmara se sentent isolées et éloignées des commodités des villes.
Par ailleurs, les femmes de la région de la Khmara, ont répondu massivement à l’offre de formation de l’UTAP autour de l’élevage du poulet fermier lequel était pratiquait de façon artisanale par les femmes de la région. La formation a été suivie par une journée d’information sur l’économie sociale et solidaire en tant que base de fonctionnement des GDA.
L’adhésion des femmes au GDA a été motivée par le besoin d’amélioration de leurs ressources à travers le développement d’une activité génératrice de revenu. Un problème économique sous-jacent existe pour ces femmes rurales bien que non déclaré de façon directe.
4. Importance du GDA
Avant de bénéficier d’une journée d’information spécifique sur l’Economie Sociale et Solidaire et le rôle des GDA dans le développement économique et social, 70% des femmes enquêtées ne connaissaient pas la signification d’un GDA.
Toutefois, suite à la formation offerte par l’UTAP aux adhérentes du GDA, l’enquête montre une grande diversité dans la compréhension des objectifs et des missions duGDA. En effet, les adhérentes ont lié les objectifs des GDAà :
-
Un regroupement des femmes dans une même structure (15% d’entre elles)
-
La formation et l’information pour bien conduire leurs projets (12% des femmes)
-
L’amélioration dela productivité de leur élevage familial (19% des femmes)
-
lacontribution à l’intégration de la femme rurale dans la vie économique (22% des femmes)
Toutefois, des objectifs tels que la préservation des ressources naturelles, la prévalence de l’intérêt collectif ou bien la promotion du commerce équitable sont encore inconnus.
La connaissance des missions d’un GDAdemeure aussi limitée. D’après les résultats des enquêtes, les principales missions nommées par les femmes sont :
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l’offre de formations (17% des adhérentes)
-
l’assistance dans la commercialisation de leur production (17% des adhérentes)
-
lafourniture des équipements (13% des adhérentes
-
l’offre de microprojets (3% des adhérentes)
Ainsi les femmes attendent du GDA qu’il résolve l’ensemble des difficultés, de court terme, auxquelles elles font face pour démarrer leur activité d’élevage. Des missions telles que le renforcement de la compétitivité, la durabilité de l’activité agricole, la rationalisation de l’exploitation des ressources naturelles, sont non connues des adhérentes.
5. Intérêt de la formation offerte par l’UTAP
87% des bénéficiaires ont étéau moins satisfaites de la formation sur les techniques de l’élevage du poulet fermier offerte par l’UTAP. Cette formation a présenté l’occasion pour enrichir les connaissances chez les femmes ayant déjà une expérience familiale traditionnelle dans l’élevage du poulet (soit 60% des adhérentes). Les 40% des femmes adhérentes au GDA, qui n’ont jamais pratiquél’élevage avicole, ont pu, lors de leur formation, discuteravec leurs voisines de leurs expériences personnelles. Ces femmes, après création du GDA, ont décidé de constituer des groupes de 4 à 5 femmes pour commencer à produire ensemble suivant les techniques acquises. Leur objectif étant de vendre leur production et de sortir cette activité de la sphère familiale informelle.
6. Attentes des adhérentes au GDA
Les attentes des femmes adhérentes au GDA sont principalement économiques et sociales. On y distingue :
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l’améliorationdu revenu (70% des femmes).
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lacommercialisation de leur produit (48 %)
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la création d’activités génératrices de revenu (39%).
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le désenclavement de la zone (35%)
-
l’intégrationsociale (26%).
Les attentes des femmes sont ainsi multiples et peuvent sortir du cadre légal des fonctions et des objectifs du GDA. Ainsi, une mauvaise compréhension des missions et des objectifs du GDA peut être source de déception et de découragement. Une bonne transparence sur les capacités et les limites du GDA est indispensable pour les adhérentes
Comme on l’a déjà indiqué dès le début, l’élevage du poulet est une activité traditionnelle dans la région. Il a été pratiqué déjà de façon traditionnelle par certaines femmes du groupe des adhérentes (70% du total). Dans la suite de leur évaluation, nous comparons le potentiel de production des femmes à leurs attentes et nous évaluons leurs visions prospectives.
7. Potentiel de commercialisation
L’activité de commercialisation des œufs était pratiquée par les femmes de Khmara en cas de surplus de production de leur poulailler familial. Cette activité était donc secondaire en marge des besoins de la famille
Parmi, les adhérentes qui pratiquaient déjà l’élevage du poulet fermier (figure 11), 78% vendaient moins de 15 œufs par semaine alors que 13% vendaient entre 15 et 25 œufs par semaine. Seulement, 9% des commercialisaient 25 œufs par semaine.
Ces quantités vendues sont très faibles et montrent bien le caractère occasionnel et non régulier de cette activité.
Le prix de vente des œufs a été différent d’une femmeà une autre. En effet, 61% des femmes vendaient le paquet de 4 œufs à moins de 1 DT. Alors que 26% vendaient le paquet à moins de 1,5 DT. D’autre part, 13% de la totalité vendaient avec un prix supérieur à 1,5 DT. Ces prix restent toutefois variables selon la saison et la quantité produiteet le niveau de l’offre dans la région. Ces prix sont conformes à ceux du circuit informel des œufs fermiers mais aucune information n’est disponible sur leur fraicheur ni la durée et les conditions de leurs stockage.
La plupart des femmes, soit 92%, vendent leurs produits à moins de 5 clients. 4% ont eu entre 6 et 10 clients par semaine. De même, 4% des femmes ont eu 11 clients et plus par semaine.
Ainsi, la capacité de commercialisation, les prix de vente et le nombre de clients sont limités pour les femmes de Khmara pour deux raisons principales. D’abord cette activité, avant la création du GDA était secondaire et artisanale, le souci du rendement et de la rentabilité économique étaient secondaires. Ensuite, les moyens et les connaissances marketing sont limités pour ces femmes qui vendent à des prix faibles pour des clients non réguliers
Avec la création du GDA, les perspectives des femmes sont plus ambitieuses.
8. Perspectives à moyen terme
Les femmes membres du GDA, pensent pouvoir augmenter progressivement leur production après adhésion. La proportion de celles qui comptent produire plus que 500 œufs par an a doublé. La proportion de celles qui comptent produire entre 100 et 250 œufs par an a été multipliée par 5. Toutefois, ces projections des femmes sont très modestes ce qui pourrait être expliqué par la faiblesse de leurs moyens financiers et l’absence d’une structure commerciale.
9 Recommandations des femmes
79% des femmes ne savent pas comment on pourrait les aider à améliorer leurs conditions et à promouvoir leur situation au sein de leur famille et de leur région. 13% ont insisté sur le développement du secteur de l’artisanat dans la région puisque traditionnellement les femmes pratiquent le tissage de la laine du mouton. 4% ont, par ailleurs, pensé à des activités de séchage des fruits etde première transformation pour produire de la confiture puisque leur région est productrice de figues. Par ailleurs, pour le développement de leur région, 61% des femmes n’ont aucune idée. 17% ont recommandé la création d’une zone industrielle pensant ainsi pouvoir absorber le chômage local.
Seulement 9% des femmes pensent qu’une meilleure qualité de leur production agricole par la certification pourraitcréée une dynamique de développement local et régional.
L’agriculture est un secteur porteur du développement économique puisque la majorité des habitants des zones rurales tiennent leur subsistance de cette activité. Pour cela, l’Etat encourage l’engagement de la population rurale hommes et femmes dans le développement des activités génératrices de revenus menant à de meilleures conditions de vie.
La femme dans le milieu rural occupe un rôle crucial dans la production vivrière et l’offre de produits alimentaires de base destinés principalement à la consommation familiale.
Dans la région de Khmara du gouvernorat de Mahdia, la création du GDA « Hrayer El Khmara » avait pour objectif d’intégrer la femme de cette zone dans le circuit économique afin d’améliorer son revenu et son statut social.La participation des femmes de la régionà cette initiative a eu comme objectifs :
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l’amélioration de leursrôleséconomiques au sein de leur famille
-
l’appui au droit d’apprendre et à l’autonomie des femmes
-
ledéveloppement de leurs compétences
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une meilleure intégration sociale des femmes
-
l’amélioration des revenus des femmes rurales
-
et le développement de la solidarité régionale.
La totalité des femmes adhérentes au GDA « Hrayer El Khmara » sont résidentes au même village. Elles ont développé une bonne ententeentre elles. Elles sont habituées à s’entraider pour les activités agricoles telle la cueillette des olives et durant les fêtes sociales (mariages, réussites,…). Durant les premiers essais effectués par deux sous-groupes de femmes, on a remarqué une bonne application des valeurs de la solidarité ainsi que des principes de l’économie sociale et solidaire tel que la gouvernance partagée et la mixité des ressources.
Cette action d’intégration économique et sociale des femmes rurales dans un groupement de développement agricoleparait comme une ébauche versun nouveau modèle économique inspiré des principes de l’économie sociale et solidaire. En effet, les principes de solidarité, de partage, d’entraide et d’intégration sociale qui existent déjà dans la région sont favorables au développement d’une économie solidaire et d’un nouveau modèle de développement plus inclusif.
Toutefois, les résultats des enquêtes d’une part, et des entretiens directs avec le comité de direction du GDA « Hrayer El Khmara » etdes services de l’UTAP et du CRDA d’autre part, nous ont permis d’apporter certaines recommandations afin d’améliorer le fonctionnement du GDA et son impact sur le développement régional. Ces recommandations sont les suivantes :
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Assurer d’autres journées de formation et d’information dans la zone de Khmara pour présenter le GDA « Hrayer El Khmara », ses missions et ses objectifs pour améliorer la perception des adhérentes et attirer l’attention des non adhérents.
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Assurer des ateliers d’échange entre les adhérentes au GDA avec d’autres groupements plus expérimentés afin de s’inspirer des bonnes pratiques et des modèles à impact positif
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Rechercher à court terme des moyens de financement pour l’équipement nécessaire à l’activité vu la faible capacité des femmes à s’équiper. De même, inviter dans un avenir proche des bailleurs de fond dans la région et faire participer les femmes dans la promotion de leur projet pour drainer des fonds d’investissement.
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Etudier l’impact économique et social du groupement sur l’insertion des femmes rurales.
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Aider à la commercialisation des produits du GDA par l’étiquetage des produits et à termele développement d’une marque locale.De même, il faudrait promouvoirla vente des produits des femmes rurales dans des circuits courts.
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Enfin, élargir le champ des activités par la diversification des activités au sein du GDA.
La femme rurale à Khmara est un acteur principal dans le développement local. Elle est engagée dans la vie familiale. Elle souhaite un développement inclusif et un soutien financier pour améliorer son revenu et celui de sa famille et ceci à travers les structures professionnelles telles les groupements de producteurs.
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